• L'exploitation d'album jeunesse.

    Bonjour à tous, dans cet article j'aimerais aborder un thème que j'adore : l'exploitation des albums jeunesses. Malheureusement le temps est compté dans une année scolaire et il devient dès lors difficile de faire des choix. Parfois on a l'impression de tomber dans une redondance, d'exploiter chaque album de la même manière. C'est pour cela, lors d'une exploitation d'album jeunesse que je divise ma préparation en trois temps : avant la lecture, pendant la lecture, après la lecture. 

     

    L'exploitation d'album jeunesse.

     

    Certaines parties de cet article s'inspirent de ma lecture : Comment explorer l'album jeunesse ? aux éditions Atzéo. Je vous le recommande, après il assez onéreux car il coûte 42€. J'ai la chance personnellement que ma directrice l'ait commandé pour l'équipe et dès lors je l'ai lu (il y a quelques temps maintenant). Mais il vaut vraiment le détour. J'ai mélangé à cette lecture ma manière de procéder et de préparer les exploitations. 

     

     

    Avant la lecture

    C'est l'étape du choix de l'album.

    Alors on se demande toujours comment certains enseignants prennent connaissance de chouettes albums, pour découvrir des nouveautés et des variétés littéraires. C'est simple, en allant consulter différents blogs (pour commencer), consulter chaque année les lauréats de concours littéraires comme Le Prix Versele et La petite fureur , demander conseil en librairie spécialisée (A livre ouvert), visiter un salon du livre jeunesse, flâner quand on fait ses courses au supermarché,... 

    Mis à part cela, lors du choix de votre album, je vous conseille de diversifier les genres et les structures.

    Les genres : l'inventaire, l'imagier, l'abécédaire, le livre à compter, l'album-jeu et le livre-jeu, la chanson, la comptine, l'album-devinette, le récit de la vie quotidienne ou livre miroir, le récit initiatique ou d'apprentissage, le conte, le conte détourné, la fable, le documentaire, le docs-fiction, le documentaire décalé, le faux documentaire, autres genres,...

    Les structures : l'énumération, la répétition ou la succession, l'accumulation, l'enchaînement, l'emboitement, l'alternance ou l'opposition, le jeu de questions/réponses, le dialogue et le récit chronologique.

    À ce niveau-là vous avez déjà de quoi varier, il est important de déterminer avant de proposer une lecture dans quel genre elle s'inscrit et quelle structure elle respecte. Pourquoi ? Pour éviter de proposer toujours les mêmes lectures, sortir des habitudes, des exploitations "ordinaires" et répétitives (et lassantes pour vous). Et puis, ça peut vous aider quand vous aimez bien un album à déterminer son exploitation.  

    Ensuite, il va falloir faire un choix au niveau de l'intention de la lecture. Je m'explique : désirez-vous exploiter l'album par la suite (exercices, jeux, production, débat, activité artistique et j'en passe) ou souhaitez-vous simplement faire une lecture plaisir (je raconte une histoire et ça s'arrête-là).

    Personnellement, j'essaye de faire autant de lecture-production que de lecture-plaisir. Pourquoi ? Les enfants ne sont pas dupes, ils se rendent très vite compte que suite à la lecture un travail les attendra et même si ce travail est ludique, ça reste un travail. Si on veut que les enfants s'améliorent en lecture, ils doivent avant tout apprécier la lecture. Pour ça : il faut continuer à entretenir la lecture gratuite collective. J'insiste sur le collective : pour ma part en deuxième primaire (CE1 pour les français) certains élèves ont encore des grosses difficultés de décodage, s'ils lisent seuls, ils se dégoutent et abandonnent, tandis que la lecture de l'enseignant les boost à lire seuls. Malheureusement, tous les parents ne lisent pas le soir une histoire à leur(s) enfant(s), du coup compensons un peu !

     

    Quel type de lecture ? Là aussi, il va falloir effectuer des choix, parce que les exploitations sont multiples. 

    • Lecture collective lue par l'enseignant. 
    • Lecture collective lue par les élèves.
    • Lecture individuelle. 

     

    Il est possible de décliner ces trois types de lecture avec les variables suivantes : contrôlée (lecture-production) et non-contrôlée (lecture-plaisir).

    Selon les choix effectués, vous allez vous retrouver dans des exploitations différentes. Certains livres feront partie des livres "à la une", d'autres feront partie du "rallye-lecture", d'autres seront utilisés pour un "cercle de lecture"... Enfin bref, je n'entrerai pas dans le sujet des pratiques de lecture. 

     

    Pendant la lecture

     

    Ici, il s'agit de toute la séquence  : partant de la présentation du livre aux élèves à la fin de la lecture. 

    Peu importe la présentation, cette année il m'a manqué un rituel à la lecture d'une histoire. Les élèves apprécient qu'une histoire soit introduite et clôturée  par une "formulette" comme les conteurs ont coutume de le faire. Quelques idées de formulettes par ici si vous n'en avez pas. 

     

    La présentation du livre.

    • La stratégie classique : découverte de la couverture, l'identification des différents éléments sur cette couverture avec la formulation de prédictions. 
    • Le book-trailer : il s'agit de faire une bande-annonce du livre. Rendre en support vidéo un support écrit. Voici un exemple de book-trailer du livre Cornebidouille contre Cornebidouille
    • Lire ou faire lire un extrait : Choisir en amont un passage intéressant du livre et imaginer toute l'histoire.
    • Imaginer l'histoire à partir d'illustrations : Donner des illustrations aux élèves, dans l'ordre, dans le désordre et les laisser imaginer le déroulement de l'histoire. Si on veut, il est possible même de commencer par une production écrite (dictée à l'adulte ou production individuelle, c'est selon vos préférences) et de terminer par la lecture de l'histoire.
    • Lire le titre et la 4ème de couverture : Laisser les élèves imaginer et illustrer la couverture du livre avant de le lire.

     

    La lecture de l'album

    Il peut être sympathique à ce stade-là de faire participer les élèves à la lecture. Comment ? Il y a quelques manières de le faire :

    • Leur faire lire des extraits. 
    • Faire des petits bruitages avec la bouche ou avec les mains (il suffit de leur montrer et de le leur dire avant de lire l'histoire). Ou alors en préparant des cartons bruitages avec eux, qu'on montre au fil de la lecture de l'album (comme les "applause" pour le public).
    • Chanter et apprendre les comptines.
    • Mimer les scènes. 

    Pour rendre la lecture captivante, on peut couper sa lecture à un endroit clé et reprendre cette lecture le jour suivant. Cela permet de travailler la mémoire des élèves, de faire un travail d'hypothèses sur l'intrigue à partir d'éléments déjà connus. Bref, les élèves adorent ça (même si on entend des "Ooooooh" ils adorent ça) et ils s'investissent encore plus. 

     

    Après la lecture

    Alors, si vous avez opté pour une lecture-plaisir, il n'y aura pas de après. C'est uniquement si vous désirez extraire des notions, effectuer diverses productions qu'il y aura un après. C'est souvent très dur pour les enseignants à admettre, parce que si ça se trouve Georges est complètement passé à côté du sens de l'histoire, que Basil se curait le nez en regardant le plafond d'une manière amorphe... mais voilà : : c'est le jeu ma pauvre Lucette ! Je rappelle que le but de la lecture-plaisir est de créer une expérience favorable avec la lecture. Après si Basil et Georges n'ont rien percuté et que tout ce qu'ils ont retenu de l'expérience c'est qu'ils ont pu pousser des cris et applaudir, il faut l'accepter. C'est comme ça qu'à terme (on espère) Basil et Georges essayeront de creuser plus loin. (Ca et tout votre travail en lecture aussi... Je rappelle, je ne dissocie pas les deux). 

    Maintenant, vous aviez choisi en amont de faire une lecture-production. Il va falloir, avant de produire quoi que ce soit, s'assurer que les élèves aient bien tous compris le sens de l'histoire. 

    C'est là qu'intervient le questionnaire de lecture. 

    Dans ces questionnaires, j'en profite toujours pour travailler : l'étude de la couverture, la chronologie, le vocabulaire, le sens de l'histoire. En somme, ce sont mes incontournables. C'est la base fiable et sécurisante pour certains élèves dans le travail post-lecture. Après, j'aime bien travailler d'autres stratégies et celles-ci sont sélectionnées selon l'album choisit. Parfois c'est le lien entre le texte et l'image, l'inférence, la sélection d'information utile, la déduction, la paraphrase, les prédictions, les comparaisons,... 

    Je n'hésite pas à relire si nécessaire l'histoire une deuxième fois. Si chaque élève a son livre, il s'y réfère. Ce n'est que lorsque tout le monde est sur le même fond et la même forme que je peux aller plus loin.

    Extraire d'autres notions de la lecture. 

    Parallèlement à la compréhension, j'aime bien extraire des notions mathématiques, littéraires ou autres de mes albums. Je les travaille dans mes cours en me référant à l'histoire. Libre à vous de le faire ou non, ce n'est pas une étape indispensable, mais je trouve cela plus exhaustif de rattacher certains apprentissages à d'autres (et la lecture d'album est une bonne manière d'y arriver).

     

    Réalisation finale. 

    Il est possible de créer autant d'activités qu'il existe de livres. Que ce soit en écriture, citoyenneté, savoir parler, mathématiques,... Tout est possible.

    Voici quelques livres et idées d'exploitation autour.

     

    L'exploitation d'album jeunesse.

    Dix petits amis déménagent - Mistumasa Anno

    Nombres et opérations : création de la maison de 10. 

    Production écrite : Chaque enfant choisit une page et décrit ce qu'il observe. Proposer aux élèves en difficulté les pages auxquelles il y a le moins d'amis et aux plus forts celles auxquelles il y a le plus d'amis. Cela pourrait aboutir également à la mise en texte de l'histoire. 

    L'exploitation d'album jeunesse.

    La couleur des émotions - Anna Llenas

    Citoyenneté : Création d'un cercle de parole, d'un rituel du jour autour des émotions de chaque élève. 

    Production écrite : Faire parler ses émotions en écrivant dans un phylactère comment on se sent.

    Nombres et opérations : Activités de comptage avec des bocaux à remplir de perles/pierres de couleurs. 

    Chez Validees on nous propose un jeu "dobble" des émotions, pour travailler la rapidité, l'observation et les réflexes. 

    L'exploitation d'album jeunesse.

    Dangereux - Tim Warnes

    Vocabulaire : s'amuser à étiqueter dans la classe tous les objets. 

    Production écrite : Mettre dans un pot des étiquettes (adjectifs) que les élèves piochent.

    A partir de ces adjectifs ils doivent inventer un animal imaginaire, le décrire et le dessiner. 

    L'exploitation d'album jeunesse.

     

    Et si les formes ... - Guido Van Genechten

    Solides et figures : produire une oeuvre sur fond noir avec des contraintes dans la production (par exemple trois triangles jaunes, deux disques rouges, trois carrés,...). 

     

     

     

    J'ai mis 4 petits exemples pour montrer qu'il est vraiment possible d'exploiter les albums de manière très diversifiée. 

     

    J'espère que cet article aura aiguisé votre regard et débridé votre imagination. Mais ne vous inquiétez pas, lorsque j'aurai préparé des activités à ce sujet, elles seront publiées. Ici l'article n'est que la mise en bouche :-) 

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Aude
    Jeudi 1er Août 2019 à 23:36

    Top cet article. Je découvre le book-trailer que j'ai bien envie de faire avec mes élèves avec notre projet tablette ;-)

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