• Les aménagements raisonnables.

    Des aménagements raisonnables ? A qui ? Pour quoi faire ? 

    Il faut savoir que la Belgique a ratifié en 2009 la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. Et sur base de cette ratification, un élève qui est en situation de handicap a droit à des aménagements raisonnables. Avant de définir ce que sont les aménagements raisonnables, il semble important de préciser qu’un enfant est en situation d’handicap s’il présente un handicap physique, sensoriel, de déficience intellectuelle, ayant des troubles de l’apprentissage, des troubles du comportement ou une maladie chronique. Il est convenu que tout enfant est victime de « discrimination fondée sur le handicap » s’il est victime de « distinction, exclusion ou restriction fondée sur le handicap » (N.U, 2009, p.4). Le refus de mettre en place un aménagement raisonnable est une forme de discrimination.  

    « On entend par « aménagements raisonnables » les modifications et ajustements nécessaires et appropriés n’imposant pas de charge disproportionnée ou indue apportés, en fonction des besoins dans une situation donnée, pour assurer aux personnes handicapées la jouissance ou l’exercice, sur la base de l’égalité avec les autres, de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales » (N.U, 2009, pp.4-5). 

    Ainsi, la mise en place des aménagements raisonnables vise à favoriser l’intégration ou l’inclusion de l’enfant à l’école, l’objectif  étant de développer son autonomie.

     

    Des aménagements raisonnables

     Illustration : Apeda

    Et la différenciation dans tout ça ? 

    Probablement que vous différenciez et c'est très bien, mais pour ces élèves vous ne devez pas baisser vos exigences. Plus facile à dire qu'à faire, c'est certain !

    Céline Piquée (2010), s’est déjà penchée sur la problématique des élèves en difficultés. Certains dispositifs auraient prouvé leur efficacité : notamment les dispositifs d’accompagnement à la scolarité  ou la réduction de la taille des classes (p.44). Au niveau des traitements que l’enseignant peut faire, dans une classe efficace, au niveau de la différenciation :

    • Prendre du temps à chaque demi-journée ou journée, pour revoir les difficultés que l’enfant a rencontrées afin qu’il puisse avoir une réaction.
    • Ne pas parler de « groupes de besoins » ou de « tutorat » aux enfants, mais simplement parler de petits-groupes. Pour éviter la stigmatisation.
    • Préparation en amont aux activités nouvelles.
    • Aide méthodologique données à certains élèves et non à d’autres (bande numérique,…)
    • Pour conserver l’attention des élèves les appeler pour aller au tableau, maintenir un contact physique.

    L’auteure, conclut en expliquant que les classes les moins efficaces sont plus stigmatisantes au niveau de l’enfant, plus différenciatrices en termes d’objectifs d’apprentissage et moins exigeantes. Ces classes appauvrissent les contenus des apprentissages et proposent moins d’occasion d’apprendre aux enfants en difficultés.

    Alors la différenciation pour permettre une équité au niveau des apprentissages : oui, une différenciation qui devient différenciatrice : non. 

    Etant donné que les aménagements raisonnables sont devenus obligatoires depuis 2009 (soit 10 ans maintenant), il faut les intégrer dans votre classe. Certains enseignants ont de la chance car d'autres professionnels (logopède,...) leur proposent des pistes pour aider ces élèves. En revanche, il arrive qu'on se retrouve face à des élèves ayant probablement des grosses difficultés scolaires ou des troubles qui n'ont pas été dépistés et dont on est convaincu de l'existence. Face à ces élèves, on se sent désarmé, démuni et on ne sait pas chez qui chercher le soutien si les parents ne font pas le nécessaire. 

    Du coup je fais quoi moi ? 

    Si je peux me permettre, pour se faciliter la tâche, certains de ces aménagements peuvent être mis en place pour tous les élèves de la classe : ce qui profite aux uns peut profiter aux autres. Ça évite de devoir trop individualiser, ça allège la charge de travail, rend l'aménagement plus discret pour l'élève qui en a besoin (on évite cette stigmatisation)... Voilà, il y a une multitude de raisons favorables à la mise en place de ces aménagements. 

     Parmi ceux auxquels il faut toujours être vigilants en voici une petite liste :

        Sur les feuilles/documents : 

    • Police d'écriture sans empatement, minimum taille 14 avec interligne de 1,5.
    • Mise en page aérée.
    • Eviter de mettre un même exercice sur deux pages (dans le sens où il commencerait en bas de la page et continuerait derrière ou à côté)
    • Donner des consignes simples et courtes. Mettre en gras les actions attendues dans les consignes.
    • Eviter les décorations inutiles pour faire joli (ça accapare leur attention plus que le reste de leur feuille). 
    • Surligner les consignes en hiérarchisant si couleurs différentes... 
    • Surligner les espaces d'écriture pour que l'enfant repère où il doit écrire. 

     

        Outils utiles : 

    • Travailler sur un plan incliné lors des séances de lecture. (les supports pour ordinateur portable de chez Ikea sont géniaux !)
    • Utiliser des casques anti-bruit (qui favorisent la concentration). 
    • Le time-timer.
    • Les lattes de lecture (pour certains enfants celles-ci les aident vraiment à suivre la lecture...
    • La Swiss-ball ou la galette. (Attention, pour certains TDA/H la grosse balle peut s'avérer être "nocive"). 
    • Mettre des "marchepieds" pour les enfants dont les pieds ne touchent pas le sol lorsqu'ils sont assis (ça évite l'effet bougeotte).
    • Elastique aux pieds des bancs chez les élèves trop "actifs" (pour qu'ils puissent "rebondir" sans déranger.)

     

        Au niveau de l'enseignant : 

    • Eviter d'expliquer et de montrer une activité en même temps. Diviser l'explication en deux temps : d'abord j'explique et ensuite je montre. Cela évite de perturber l'attention de l'élève. 
    • Ecrire à la craie jaune sur le tableau noir. 
    • Ecrire les étapes au tableau du travail à effectuer avec uniquement des mots clés. 

     

    Tous sont des petits trucs qui permettent aux élèves de mieux travailler. La liste est très loin d'être exhaustive, ce sont souvent les conseils récurrents qui m'ont été donné au fil des années par des professionnels. Au début, certains de ces outils peuvent avoir l'air d'être "parasites" mais très vite les élèves se lassent de cette utilisation "jouette" pour évoluer vers des utilisations sérieuses. Certains se rendent compte que le casque les gêne, d'autres ne supportent plus les picots de galettes... Il faut être ferme quant à l'utilisation de ces outils. Celui qui joue avec un outil : l'outil lui sera retiré. Ils doivent apprendre à avoir le comportement adéquat avec l'outil sans quoi cet outil leur sera retiré. S'il leur est vraiment utile ils se tiendront correctement pour en profiter autrement cela veut simplement dire que l'outil n'est pas adéquat. (Cela parait évident mais je le dis quand même).

    J'espère que cet article  ce sera avérer utile pour vous. Je vous renvoie ci-dessous vers quelques lectures très intéressantes concernant le sujet ou des sujets similaires si vous désirez vous informer d'avantage. 

     

    Sources : 

    Nation Unies (s.d). Convention relative aux droits des personnes handicapées et Protocole facultatif. Retrieved from http://www.un.org/disabilities/documents/convention/convoptprot-f.pdf

    Piquée, C. (2010). Pratiques enseignantes envers les élèves en difficulté dans des classes à efficacité contrastée. Revue française de pédagogie, 170, 43-60.

     

    Des lectures utiles :

    Rousseau, N. (2015). La pédagogie de l’inclusion scolaire, 2eédition. Québec : Presses de l’Université du Québec.

    Kahn, S. (2015). Différenciation et traitement scolaire des différences. La nouvelle revue de

    l'adaptation et de la scolarisation,70-71, 9-49.

    Tremblay, J.(2013). Colloque : Des adaptations pour favoriser l’équité. Retrieved from https://celiaasblcolloque.files.wordpress.com/2013/12/dossiercolloqueeeo3dc3a9cembre2013.pdf

     

     

     

     


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