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Retour sur l'Activité Assistée par Animal (un chien en classe).
Bonjour à tous, aujourd'hui je vous fais un retour sur l'intégration de Laïka dans la vie de la classe. Pour rappel, Laïka est une caniche noir femelle de taille moyenne qui a deux ans. Elle a été introduite dans la vie de la classe depuis le 27 novembre 2019. Elle est venue depuis tous les mercredis participer à la vie de la classe.
Je sais que le projet est insolite, intrigue et si vous êtes des dogs lovers comme moi, vous ne pouvez que voir les bienfaits d'un animal en classe pour les enfants.
L'intégration d'un chien en classe n'est pas une chose qu'on prend à la légère et que l'on fait sur un coup de tête. Tout comme on prépare l'adoption d'un chien, nous avons préparé l'arrivée de Laïka en classe. J'explique cela dans l'article précédent. Avant son arrivée, j'avais fait pour mes élèves un petit carnet "Les aventures de Laïka" dans laquelle celle-ci se présente, images à l'appui. Le but est de leur donner un sentiment de "connu" pour qu'à l'arrivée le chien soit "moins impressionnant". L'objectif vous l'aurez compris est d'instaurer un climat de sécurité pour l'enfant et le chien.
Il est impératif le jour de l'arrivée de l'animal de poser un cadre strict quant aux interactions que les enfants vont avoir avec celui-ci. Je n'ai pas élaboré les règles avec mes élèves, je les ai imposées. En dehors des règles évidentes comme "ne pas tirer la queue" et "ne pas être violent" qui sont évidentes les élèves ont deux règles à respecter : laisser le chien tranquille quand il est dans son panier/se repose et laisser le chien tranquille lorsqu'il boit ou se nourrit. Avec elle il ne risque pas d'y avoir d'accident mais je préfère automatiser ces règles. Je rappelle que l'objectif est d'améliorer les interactions humain-animal.
Copyright : L'encre Cool (Madame Sarah ;-))
Le jour de son arrivée, grâce à la formation suivie chez Activ'dog, j'ai réalisé une activité de "prévention à la morsure". Comment aborder un chien ? Comment lire le comportement du chien ? Que faire avec un chien ? Qu'est-ce qui est interdit de faire ? Comment donner un biscuit ? Comment se présenter ? Comment s'en occuper ? La différence entre un chien et une peluche (moins évident qu'il n'y parait et ça m'a permis d'embrayer avec la notion de vivant et de non-vivant) ?
La théorie doit être maitrisée ET appliquée à 100%. Je m'en assure comment ? Tout manquement à cette théorie conduit à ne plus faire venir Laïka en classe. Chaque hésitation de l'enfant le conduit du coup à demander la permission. C'est un réflexe que bien des enfants n'ont pas face à un animal et du coup, d'acquérir ce réflex, c'est déjà un très grand pas pour moi dans le respect des animaux. Je leur ai dit aussi, que le non respect de ces règles pouvait conduire le chien à ne plus vouloir venir car il aurait associé sa venue en classe à une expérience désagréable. Evidemment, comme ils ne souhaitent pas cela, ils se comportent pile poil comme il le faut.
L'évolution.
Le temps passe et les enfants ont appris à connaître Laïka et Laïka a pris ses marques dans l'espace et dans ses relations avec les élèves. Après trois ou quatre mercredis en classe, avec l'accord de tous les enfants (à l'unanimité sinon je ne le faisais pas). Laïka a commencé à pouvoir se déplacer en classe sans laisse. Jusque là, elle était toujours attachée à moi avec le panier près de moi.
Comment gérer les enfants qui ont peur ? Déjà je tiens à préciser que l'intégration d'un animal ne sert pas de thérapie contre les phobies. Chaque enfant a le droit d'avoir peur, d'exprimer sa peur et en tant qu'enseignante et maitresse du chien, je dois garantir un sentiment de sécurité pour les deux. Je n'ai aucune formation pour faire de la thérapie animale, donc je ne "soigne" pas les enfants contre leur peur. J'ai bien fait passer le message à mes élèves et à leurs parents. Je leur ai expliqué qu'avoir peur mais se forcer et avoir des comportements non controlés est plus dangereux que de dire qu'on ne souhaite pas que le chien approche ou nous touche.
Etant donné que le sentiment de sécurité prime et qu'à partir du moment où celui-ci n'est plus, le chien ne vient plus, les élèves ont adopté des réactions absolument adéquates et espérées. C'est pour cela qu'il a fallu trois ou quatre mercredis, deux-trois élèves avaient peur de l'animal et je leur ai dit que pour le bien de tous ils devaient se forcer à le dire si ça n'allait pas. Aucun élève ne s'est moqué de ces élèves et au contraire, il y a eu un sentiment d'empathie collective et de soutien. Comment rassurer les enfants ? En tenant réellement compte de leurs craintes : les enfants qui avaient peur étaient assis à l'opposé du lieu de couchage du chien et aucun rapport physique n'est forcé mais toujours proposé. Le but n'est pas de dire : toi tu as dit que tu avais peur ne la caresse pas. J'ai proposé des alternatives aussi : les enfants qui avaient peur mais qui voulaient vraiment "toucher" le chien, je demandais à deux ou trois élèves confiants de caresser Laïka pendant que je prenais la main du quatrième enfant et qu'il caressait le dos du chien (et n'était du coup pas confronter à sa gueule). Lorsque l'enfant veut participer sans contact physique avec le chien, je proposais des interactions ne nécessitant aucun contact (donner l'ordre et laisser tomber le biscuit pour lui donner), jeter une balle, remplir la gamelle d'eau, préparer le matériel de promenade...
Mis à part cela, que fait le chien ? Pas grand chose en fait. Que font les enfants ? Plusieurs choses, c'est là l'intérêt de l'activité assistée par animal. Tous les mercredis, les élèves pensent à préparer le lieu de couchage de Laïka (qu'on range quand elle n'est pas là par manque de place), ils lui remplissent une gamelle d'eau, lui donnent un os ou autre friandise pendant le temps de collation, viennent la promener durant la récréation avec moi pour qu'elle fasse ses besoins (on part à trois en général, je réalise une tournante), appliquent les règles d'hygiène élémentaires (se laver les mains avant de manger, ne pas se toucher le visage ou mettre ses doigts en bouche après tout contact,...),...
Types d'activités à réaliser.
Le chien est un prétexte à ces activités mais il ajoute une dimension affective aux apprentissages non négligeable. Voici ce que moi j'ai mis en application comme activité (ou autres idées d'activités qu'on n'a pas su réaliser) :
- La prévention morsure
- Le vivant et le non vivant (j'avais le chien, une plante, des humains pour le côté "vivant").
- La classification des vivants
- La production d'écrit autour d'un animal de compagnie au choix (mélange d'éveil et de français)
- Le développement du vocabulaire autour des animaux
- La comparaison d'un squelette animal et humain (sur base de radio)
- La visite d'un refuge (qu'on n'a pas su faire)
- Les métiers du chien
- La découverte de la forme impérative (pour donner les ordres)
- La découverte des adjectifs (pour décrire un animal par exemple)
- La réalisation de biscuits pour chien (pour la découverte de la recette)
- La tenue d'un cahier du chien (A chaque visite de Laïka, prendre une photo et demander à un élève de faire une petite production écrite).
- Les cinq sens (comparaison humain-chien)
- Les dents et le régime alimentaire (observation d'une dentition humaine et d'une dentition animale et déterminer le régime alimentaire en fonction).
Voilà, j'admets que la liste n'est pas exhaustive du tout. Mais après, je ne fais pas d'activité avec elle tous les mercredis non plus. Parfois elle est là pour tenir compagnie. Est-ce qu'elle distrait les enfants ? Au début, oui, évidemment, chaque chose nouvelle et insolite déconcentre les enfants. Mais après, comme dans la vie domestique, le chien n'est plus "calculé". Elle reçoit une petite caresse par-ci, un petit biscuit par là,... Des petites interactions positives bénéfiques au bien-être de l'enfant sans pour autant perturber les apprentissages.
Comment gérer les "Je veux un chien ?"
Evidemment, suite à cela, les enfants pourraient souhaiter un chien à la maison... C'est pour cela que lors de l'introduction de l'animal, l'accent est mis sur son bien-être. Dès lors, les enfants se rendent compte qu'un animal c'est du temps et de l'argent. Qu'un chien à qui il manque tout cela c'est un chien qui risque de finir en refuge car il sera malheureux et dès lors peut faire des bêtises et même devenir agressif,...
Certains élèves répondent alors que si l'animal n'est pas heureux "on va lui trouver un autre maître". A ces propos, il ne faut pas hésiter à demander à l'enfant s'il acceptait qu'on lui dise "je vais te trouver d'autres parents mais ne t'inquiète pas ils sont bien aussi". En général, la réponse est un non catégorique. J'ai également expliqué aux enfants que lors de l'adoption d'un chien il faut être très patient car on ne peut pas prédire l'évolution de l'animal. J'ai partagé mon propre vécu à titre d'exemple. Laïka a fait des bêtises pendant un an (détruit le canapé, certains meubles,...) et que ça m'a coûté beaucoup d'argent et qu'il est hors de question d'abandonner un chien pour des raisons de destruction (ou tout court en fait). Le chien peut être malade, là aussi ça peut rapidement chiffrer. Il faut se dire que parfois il peut y avoir beaucoup d'inconvénients à avoir un chien. Je n'hésite pas à les leur dire et voir insister dessus. En général, en voyant la liste des responsabilités, les enfants prennent conscience qu'en classe ils n'ont que le côté "rose" de l'affaire et que finalement, même si ce n'est pas "souvent" c'est assez pour eux.
Pour la petite anecdote, nous avons eu une animation sur le racisme et pour prendre l'exemple des "races" la dame a demandé aux enfants "Qui a un chien ?", à votre avis quelle était la réaction des élèves ? Ils ont tous levé la main. Elle était étonnée et un élève a pris la parole en me regardant "En fait, c'est Laïka, c'est le chien de madame Sarah, mais elle vient toutes les semaines en classe, donc c'est un peu notre chien à nous aussi". Je trouvais ça mignon tout plein (la preuve qu'ils s'attachent et s'investissent).
Quels bénéfices à long terme ?
- Les élèves qui n'ont rien en commun finissent par partager un intérêt commun : le chien. On constate du coup que les élèves partagent une expérience positive commune, ça les rapproche énormément.
- Laïka est un vrai catalyseur émotionnel. J'ai déjà retrouvé des élèves au coin tapis, à côté d'elle, qui lui murmuraient des secrets à l'oreille en la caressant.
- Certains élèves plus timides ont appris à s'affirmer davantage en contact avec elle (le maintien de la laisse, le fait de donner des ordres,...).
- Un autre élève a appris à gérer ses craintes avec sérénité. Il a peur du chien, mais il a appris à contrôler certaines réactions en sa présence (il a mis en place des petits mécanismes pour se contrôler).
- J'ai un élève TDAH. Je ne sais pas si le chien le sent, mais elle va régulièrement à côté de lui. De savoir qu'il a le chien à ses pieds l'aide à se canaliser et à s'apaiser lorsqu'il travaille. Certains n'y croient pas, mais c'est impressionnant à voir, cet élève change du tout au tout avec la présence de l'animal.
- Les élèves apprennent à donner de l'amour et à maitriser leurs réactions. Un élève énervé ne voit pas l'intérêt à passer ses nerfs sur le chien. Au contraire, souvent Laïka aide à évacuer la soupape.
Pour clore l'article, voici une petite photo souvenir prise au mois de février. Juste avant les vacances de carnaval en fait. Je vous ai fait part de mon expérience pour cette année scolaire. J'espère que l'année prochaine les parents ne s'opposeront pas au projet car il est vraiment porteur. Je vous invite vraiment à vous lancer si c'est une initiative qui vous botte.
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Commentaires
2MOSamedi 8 Octobre 2022 à 06:55Bonjour, je suis enseignante dans le var et j'aimerais monter un projet similaire dans ma classe. Serait-il de nous contacter hors commentaires du site afin de l'aiguille sur les démarches, éventuellement des conseils supplémentaires dans le projet etc. Je vous remercie infiniment d avance.Répondre-
LencrecoolLundi 10 Octobre 2022 à 06:15Bonjour, Vous pouvez me contacter à l'adresse suivante : lencrecool@gmail.com Le premier article explique déjà mes démarches mais elles sont propres à mon cas et en Belgique. Je ne suis pas familière avec le système français et je ne connais pas d'ASBL d'activité assistée par l'animal en France. Si toutefois vous souhaitez tout de même connaître mes démarches je vous les communiquerai volontiers :-)
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